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Vous avez dit dictée ?
Depuis des années, la
dictée n'est plus conseillée et même fortement déconseillée.
Des"pédagogistes"
ont pensé que cet exercice était surtout un exercice sanction. Evidemment, le
niveau en français est tel que les notes des dictées sont catastrophiques.
Donc plus de dictée !
Loin de moi l'idée de
penser que la dictée est le pilier de l'enseignement du français mais c'est un
exercice indispensable. C'est un exercice de réflexion pour chaque accord,
chaque adjectif, chaque participe passé ...
On ne peut pas se
passer de l'orthographe et dans de nombreux cas c'est un critère de sélection.
Une demande d'emploi avec des fautes sera la plupart du temps rejetée.
Lorsque j'étais au
collège, nous avions droit à la traditionnelle dictée hebdomadaire. C'était
un moment important ; nous l'appréhendions et en même temps nous l'attendions.
C'est un peu comme un jeu de piste, le but étant de traquer la faute.
Voici quelques dictées
de classe de 3 ème, des textes d'auteurs de 2 pages. L'élève de famille
modeste que j'étais, sans aide à la maison, faisait 2, 3 ou 4 fautes.
Il serait impensable de
présenter, aujourd'hui, de telles dictées au brevet des collèges !
C'était au Cours
Complémentaire de Vouziers dans les Ardennes
Mes
dictées de 3 ème
ou
de 4 ème
Et ce texte superbe
écrit par Piclem sur le site LIRE et ECRIRE : Eloge de la dictée
J'ai lu tant de vilaines choses sur la dictée ces derniers temps, que pour
soigner ma morosité, j'ai écrit ce petit éloge :
Je me revois, le cœur battant à l'annonce de l'exercice dont le nom est
lui-même une exception aux règles d'orthographe, me lançant des défis,
prenant toutes les bonnes résolutions possibles. Point d'angoisse devant la
page blanche, ici, mais une concentration féroce, l'oreille aiguisée, à
l'affût, afin de ne pas laisser passer un mot, une virgule. Un léger trac,
si agréable en réalité, pimentant la matinée de classe. Le plaisir d'être
un peu passif, de ne pas avoir à être original, pour une fois. Un danger
confortable, en somme, un danger bien encadré par le rite ; oui, ce rite
immuable qui rassure l'élève. Je sais ce que l'on attend de moi, cela ne
varie pas, tout est si clair que c'est comme un cocon qui m'enveloppe : c'est
cela la dictée, un risque drapé dans une couverture.
Et la voix s'élève, nous lisant d'abord le texte entier, faisant retentir
ces mots choisis, ces phrases parfois alambiquées, qui s'étirent
paresseusement. Les textes des dictées sont toujours des morceaux
exceptionnels, retenus par le maître pour leur beauté. A chaque fois, l'émotion
littéraire est au rendez-vous : oui, ce sont les dictées qui m'ont fait
aimer la littérature, ce sont elles qui ont provoqué mes premiers éblouissements
pour des auteurs dont je ne découvrais le nom qu'à la fin, comme un cadeau.
À nouveau un peu de trac, car voici que la dictée commence. Voici le moment
où le stylo ne doit pas trahir les mots, où la main et l'esprit doivent
s'accorder précisément, sans hésitation. C'est comme lorsque l'on trace une
figure : on retient son souffle, on tire un peu la langue, on plisse un peu
les yeux. Mais le plus fascinant, c'est de pénétrer les arcanes du texte ;
on se prend, l'espace d'un instant, pour l'écrivain. On palpe la chair des
mots, on les regarde à la loupe, leurs particularités suscitent des
questions sans fin. On n'est plus très sûr, on verra tout à l'heure. On
prend soudain conscience de l'identité de chaque mot, de sa singularité
familière. On tente de se souvenir des astuces du maître (« Je m'aperçois
qu'il n'y a qu'un –p- à ‘apercevoir' ») ! Mais vite, il ne faut pas
perdre le fil, et la main, docile, suit l'oreille.
La relecture du texte est une pause que l'on goûte après la tension extrême
que l'on vient de vivre. Le texte, à nouveau, chante son unité poétique.
Tout s'enchaîne avec bonheur, et l'on a la satisfaction perfectionniste de
rajouter là, un accent, là, une virgule. Une trêve avant les affres de la
dernière vérification : le doute me prend, il me semble que je ne sais plus
rien. Au brouillon, je griffonne le mot litigieux en écriture automatique,
espérant secrètement que la main se souviendra de ce que mon esprit a oublié.
Mais est-ce bien sûr ? Et si le mot s'écrivait autrement ? Toutes les
ressources personnelles sont mobilisées : la vue, l'ouïe, l'écriture, la mémoire,
la logique… rien n'est négligé, et cela procure autant de plaisir qu'un
jeu. Les mots se souviennent qu'ils appartiennent à des familles, les règles
de grammaire flamboient dans mon esprit comme pour me prouver que je ne les ai
pas apprises en vain. Ça y est ! ma dictée est, à n'en pas douter, la
meilleure que j'aie produite de l'année. Et si, à la correction, mes erreurs
me sautent encore aux yeux, c'est juré, la prochaine fois, je relèverai à
nouveau le défi, je ne tomberai dans aucune chausse-trappe, et le résultat
sera ma meilleure dictée de l'année !
Lors de
l'émission de Béatrice Schönberg, "les 100 qui font bouger la
France", deux thèmes abordés m'ont particulièrement intéressée.
Tout
d'abord, l'orthographe :
Cette
question venait à point après les quelques réflexions que j'avais écrites,
le matin même.
Bravo à Jean-Paul Brighelli d'avoir si bien insisté sur l'importance de
l'orthographe tout au long de sa vie.
Il y eut
l'intervention émouvante de cet homme d'une quarantaine d'années qui nous a si
bien expliqué le stress qu'il subissait à l'idée d'écrire la moindre ligne.
Aujourd'hui, il prend des cours d'orthographe.
Ensuite ce
responsable en ressources humaines et sa lecture d'une lettre de motivation d'un
cadre, lettre pleine de fautes d'orthographe. J'ai aimé cette citation :
"Vous n'aurez jamais une deuxième chance de faire une bonne première
impression"
Et enfin,
l'intervention remarquable de Jean-Marc Le Bris que je rejoins complètement sur
les désastres de ce non-apprentissage de la lecture avec la méthode globale ou
semi-globale.
On voit à
quel point il est difficile de s'écarter de la ligne. Cela coûte cher à
Jean-Marc Le Bris.
La
formation professionnelle :
Félicitations
à cette jeune fille d'avoir choisi cette voie (Plomberie-chauffage)et
d'avoir persévéré malgré la réprobation du corps enseignant.
Pendant
des années, j'ai eu la charge de professeur principal d'une classe de 3 ème et
j'ai subi les sourires narquois de certains collègues lorsque je soutenais des
élèves qui avaient fait le choix du professionnel alors que leurs résultats
scolaires étaient satisfaisants.
Pendant
trop longtemps, la voie professionnelle a été le parent pauvre, l'orientation
par défaut.
L'année
scolaire dernière, un de mes élèves de 3 ème avait choisi une orientation en
plomberie-sanitaire dans un établissement voisin ... il s'est retrouvé en
secrétariat par manque de place !
La mise en
place de l'option "Découverte professionnelle" en classe de 3 ème
est une bonne initiative.
J'espère avoir ouvert d'autres perspectives à mes élèves en leur faisant
découvrir des familles de métiers aussi différentes que le bâtiment,
l'ameublement, l'aéroportuaire ...
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